Évolutions démographiques des espaces de Martinique
- insularite
- 18 juil. 2022
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Dernière mise à jour : 15 juin 2024
Le 18 juillet 2022
D’ici 2030 la Martinique devra faire face à un vieillissement accéléré où les personnes âgées – généralement appelées dans le langage courant grandes personnes – représenteront près de 36% de la population totale (contre 29,3% en France métropolitaine). L’île caribéenne sera alors le territoire départemental (la Martinique n’est plus depuis 2015 département et région d’Outre-mer mais Collectivité territoriale unique) le plus âgé de France et ce, devant le Limousin. Tout en étant néanmoins dans un bassin géographique où le phénomène du vieillissement est déjà observé (Buléon, Turbout, 2019[1]). Depuis 2006, la population totale de la Martinique diminue chaque année, passant de 359 579 en 1990 à 397 606 en 2006, puis 376 507 au dernier recensement de 2016.
Depuis les travaux de Gérard-François Dumont (2006)[2] attirant l’attention sur l’évolution démographique des espaces urbains dans lesquels les aînés font le choix de rester vivre, la loi Adaptation de la société au vieillissement (ASV) de 2015 a permis de prendre en compte cette problématique dans tous les espaces. Notamment par la prévention mieux présente dans les politiques publiques. Nous avons alors travaillé à mettre en évidence les dynamiques qui sont en cours dans les communes de Martinique. Notre méthodologie a consisté à reprendre les quatre facteurs du vieillissement évoqués par Gérard-François Dumont (2006) en choisissant les 12 indicateurs qui permettent de traduire les phénomènes de gérontocroissance et de vieillissement. Selon l’auteur, si le vieillissement s’observe par l’évolution de la fécondité, l’évolution de l’espérance de vie des personnes âgées, la composition par âge des flux migratoires, les héritages démographiques, la gérontocroissance ne dépendrait que des trois derniers facteurs. Le vieillissement est l’augmentation proportionnelle des personnes de 60 ans et plus dans la population, quand la gérontocroissance (ou gérontodécroissance) est relative à l’augmentation (ou diminution) du nombre de personnes âgées. Nous avons donc effectué une classification par ascendance hiérarchique (CAH) pour regrouper les différentes communes.
Quelles évolutions démographiques peut-on observer à l’échelle des communes de Martinique ?
L’espace martiniquais s’organise, en raison de la forte polarisation de sa ville-capitale selon un schéma centre-périphérie ; on peut constater en fonction de l’analyse un vieillissement de l’espace rural plus prononcé que l’espace urbain, quand la gérontocroissance reste variable. Celle-ci peut être en augmentation dans les espaces ruraux proches du centre pour certaines classes d’âges, laissant voir une grande disparité des communes.
I. Une organisation centre-périphérie des espaces martiniquais
Dans la littérature scientifique, les territoires insulaires de la Martinique et archipélagique de la Guadeloupe sont caractérisés par une indistinction des typologies d’espaces. En effet, les auteurs s’accordent à dire que désormais, l’évolution démographique et l’organisation de l’espace sous forme de mitage a supprimé la distinction entre le rural et l’urbain. Comme le précise Michel Desse dans son article sur les processus de polarisation en Martinique, Guadeloupe et Réunion, « Depuis 1946, le mitage des paysages reste une constante dans les trois îles. Cette périurbanisation pose le problème de la définition de la ville. Une forte densité rurale ne signifie pas la ville s’il n’y a pas de services de type urbain. » (Desse, 1998)[3]
Néanmoins, pour les caractériser en distinguant trois types d’espaces, nous avons retenu la Zone en aire d’attractivité de la ville (ZAAV) élaborée par l’INSEE en 2020 et qui permet de donner une « approche fonctionnelle de la ville »[4]. Cette nouvelle définition remplace celle de la définition de l’INSEE du zonage en aires urbaines de 2010. « L’aire d’attraction d’une ville est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, qui définit l’étendue de l’influence d’un pôle de population et d’emplois sur les communes environnantes, cette influence étant mesurée par l’intensité des déplacements domicile-travail. » (INSEE, 2021)[5]. Michel Desse rediscutait dans ses écrits de la pertinence de l’utilisation des définitions INSEE qui prennent en compte pour caractériser les phénomènes insulaires du concept d’urbanisation à travers les « relations pendulaires de travail ». Ainsi, l’auteur précise que « cette ruralité cache en définitive des modes de vie urbains et un équipement dense de services de scolarité ou de santé. » (Desse, 1998).
La définition que nous avons retenue de la ZAAV (2020) distingue donc le pôle de sa couronne. Le pôle est identifiable à partir de deux critères : la densité et les emplois. Le premier critère de la densité est consultable dans la grille de l’INSEE : l’organisme a en effet attribué « […] à chaque commune un niveau de densité qui correspond aux conditions de vie de la majorité de sa population. Ainsi, si la majorité de la population de la commune habite dans un espace densément peuplé, la commune sera considérée comme dense, même si cette commune comporte en moyenne peu d’habitants au km2 ». Le second critère du pôle est celui du nombre d’emplois. La couronne ou aire d’attraction du pôle est formée de l’ensemble des communes « […] qui envoient plus de 15% de leurs actifs travailler dans le pôle. »[6]
Nous sommes donc partie de cette définition et de ces critères pour construire une carte de la typologie des espaces de Martinique. La classification par ascendance hiérarchique (CAH) a permis de regrouper les communes en fonction des indicateurs : degré de densité par commune, le flux des résidents actifs travaillant hors de leur commune de résidence[7](pourcentage d’actifs sortants étant égal au nombre d’actifs sortant par commune de résidence sur le nombre d’actifs total de la commune), des effectifs d’emplois[8] (pourcentage des emplois par commune étant égal au nombre d’emplois de la commune par le nombre total d’emplois du département). A ces données nous avons ajouté le pourcentage des actifs entrants sur une commune[9] (le flux d’actifs entrants étant égal au nombre d’actifs ayant un emploi sur le nombre d’emplois total de la commune).
Ainsi la Carte 1 Typologie des espaces de la Martinique en 2017 à l'échelle des communes (ZAAV 2020) révèle une organisation centre-périphérie où la capitale de Fort-de-France, les communes de Schoelcher et du Lamentin sont les communes urbaines, pôles d’attraction de l’île. L’espace rural est dans la partie nord-est et sud séparée de ce pôle par un espace périurbain : seules exceptions dans la partie nord du pôle où les communes rurales de Fonds-Saint-Denis, Morne-Vert, et Case-Pilote sont voisines directes de ce pôle urbain.

Nous avons utilisé la même méthodologie de la classification par ascendance hiérarchique (CAH) pour traduire l’évolution démographique des communes de la Martinique entre 1990 et 2016, en définissant l’indicateur de gérontocroissance en fonction des quatre facteurs du vieillissement définis par Gérard-François Dumont (2006) qui sont : l’évolution de la fécondité, évolution de l’espérance de vie des personnes âgées, la composition par âge des flux migratoires, les héritages démographiques. L’auteur précise que la gérontocroissance ne dépend que des trois derniers facteurs, car relatif à l’augmentation (ou diminution) du nombre de personnes âgées sur une période ; on parle donc tant de gérontocroissance que de gérontodécroissance. Le vieillissement mesure lui, la part relative de la population âgée par rapport au reste de la population. N’ayant pas de données sur l’espérance de vie des aînés à l’échelle de la commune (uniquement du département), ni d’éléments très détaillés sur l’héritage démographique, notre CAH considère des indicateurs aménagés. Ainsi, nous avons retenu 12 indicateurs pour traduire au mieux ces quatre facteurs de vieillissement et de gérontocroissance. Le rapport de vieillissement, l’indice de vieillissement, l’indice de fécondité par commune, le pourcentage des résidents d’une commune de 55 ans et plus et habitant un logement hors de la commune l’année précédente, l’évolution de la part de chaque classe d’âge entre 1990 et 2016 (0-19 ans ; 20-59 ans ; 60-74 ans ; 75-84 ans ; 85 ans et plus), et le degré de fragilité par commune (score moyen de la fragilité et nombre de retraités à risque de fragilité sociale du régime général de retraite[10]). Pour effectuer la CAH, il n’est pas possible d’intégrer le nombre de personnes âgées, la méthode ne retenant que des rapports. Mais en intégrant l’évolution du nombre de personnes âgées de la période intercensitaire de 2011 et 2016, on obtient la même classification en 4 classes (3ème partition).
II. « Un vieillissement plus rural, une gérontocroissance plus urbaine »[11]
On peut observer sur la Carte 2 CAH Vieillissement et gérontocroissance par commune en Martinique en 2016 ci-après qu’en s’éloignant de l’agglomération centrale les communes sont caractérisées par une sur-représentation du vieillissement et une gérontocroissance plus variable : si la moyenne des classes montre des espaces urbains où la gérontocroissance concerne les 75-84 ans, dans des espaces périurbains éloignés ce sont les 85 ans et plus ; certains espaces ruraux proches du centre ont vu le nombre d’aînés de 60-74 ans, d’autres éloignés se distinguent par un augmentation du nombre d’aînés de plus de 85 ans.

Les communes urbaines et périurbaines du centre de l’île et en proche périphérie de celui-ci constituant la classe 1 de la Carte 2 sont caractérisées par une sous-représentation des indicateurs de vieillissement : un indice de vieillissement moyen de 1,32 (la moyenne des classes étant de 1,78) et un rapport de vieillissement moyen de 24% (la moyenne des classes étant de 28%). Ces communes ont enregistré des pourcentages de grandes personnes de 55-64 ans ayant une résidence hors de la commune l’année précédente proche de la moyenne. Elles font partie pour certaines d’entre elles des communes qui entre 1990 et 2016 ont vu la part des 60-74 ans évoluer le plus : la Carte 3 qui présente la répartition de la moyenne de l’évolution de la classe d’âge des 60-74 ans des périodes intercensitaires de 1999 à 2016 ; elle montre en effet par exemple que cette classe d’âge augmente de près de 21% dans la commune de Case-Pilote, 19% à Ducos, 16% à Schoelcher, 15% aux Trois-Îlets.
De façon générale, cette première classe enregistre un rapport de vieillissement moyen de 23,76% soit le plus faible des quatre classes, et la gérontocroissance des 60 ans et plus concerne la classe d’âge des 75-84 ans.
Mais les évolutions sont variées dans chaque commune : les communes périurbaines de Ducos et de Bellefontaine situées en proche périphérie du centre ont toutes les deux enregistré une augmentation de leur population communale en période intercensitaire de 2011 et 2016 (+2,13% pour la première et +9,48% pour la seconde), contrairement aux communes de Saint-Joseph et Trois-Îlets (-3,04% et -1,10%).
Les deux communes périurbaines ont des rapports de vieillissements identiques de 22%, des indices de vieillissements (Ducos : 1,28 ; Bellefontaine :1,17) et de fécondité (Ducos : 0,04 ; Bellefontaine : 0,06) proches qui montrent un moindre renouvellement de la population. Le vieillissement de la ville de Ducos semble plus prononcé que celui de Bellefontaine car elle enregistre une gérontocroissance dans les trois classes d’âge, avec le pourcentage le plus élevé chez les 60-74 ans (24,19%) que chez les aînés de 85 ans et plus (22,93%), même si c’est cette classe d’âge qui sur la période de 1990 à 2016 a le plus augmenté. L’augmentation de la population totale de la ville de Ducos est moindre que celle de Bellefontaine qui enregistre par ailleurs une gérontodécroissance de la classe d’âge la plus élevée : -47,73%. Si les deux communes connaissent un vieillissement, celui de Ducos est plus prononcé et devrait mettre en place des politiques publiques tant sur la prévention des trois classes d’âges que sur l’accompagnement de la perte d’autonomie, quand Bellefontaine pourrait axer davantage ses initiatives sur les moins de 85 ans.
Les deux communes périurbaines de Saint-Joseph et des Trois-Îlets ont des rapports de vieillissements, supérieurs aux deux communes précédentes : moyen de 28% pour Saint-Joseph et inférieur à celui-ci pour les Trois-Îlets de 25%. Elles enregistrent toutes les deux une gérontocroissance de l’ensemble des classes des aînés, avec pour les deux la plus forte augmentation du nombre de retraités de la classe des 75-84 ans. L’évolution de la part des moins de 60 ans sur la période de 1990 à 2016 est à la baisse dans les deux communes et la baisse de la population totale a le plus diminué dans la commune de Saint-Joseph que dans celle des Trois-Îlets : on pourrait alors penser que l’augmentation des populations aînées peut être liée en partie à des migrations dans ces communes.
La commune de Ducos enregistre une gérontocroissance des 60-74 ans tandis qu’à Bellefontaine et aux Trois-Îlets c’est celle des 75-84 ans.
La troisième classe de la Carte 2 qui regroupe les communes périurbaines plus éloignées de l’agglomération centrale enregistrent des pourcentages inverses : un vieillissement moyen (28%) qui traduit une part des personnes âgées des 75 ans et plus, plus élevés. La commune du Lorrain, située sur la côte atlantique a vu sa population de 60-74 ans augmenter de 16 points pendant la période, tandis que celle des plus de 85 ans de 30 points.
Cette classe 3 au rapport de vieillissement moyen est caractérisée par une gérontocroissance la plus forte pour la classe des 85 ans et plus (24,06%), et une gérontocroissance la plus faible des 75-84 ans. La moyenne de l’évolution de la population totale de cette classe en période intercensitaire de 2011 à 2016.
A l’inverse, les espaces ruraux (Carte 1) les plus éloignés du centre (exception faite de la commune de Fonds-Saint-Denis) constituant la seconde classe (Carte 2) ont un rapport de vieillissement (36%) et un indice de vieillissement (3,21) en sur-représentation par rapport à la moyenne des classes : c’est le rapport de vieillissement le plus élevé des quatre classes. La moyenne de l’évolution de la classe d’âge des 60-74 ans de 0,12 points enregistrée sur la période 1990-2016 est en sous-représentation : 0,11. Les 85 ans et plus ont représenté une augmentation de 0,28 point. Cette classe est caractérisée par une gérontocroissance la plus élevée des 60-74 ans (19,75% en moyenne) et une gérontodécroissance des 75-84 ans (-5,10%).
III. Une évolution différenciée des espaces ruraux proches de l’agglomération centrale
Le cas des deux communes du nord Caraïbe constituant la classe 4 (Carte 2) se distinguent des autres communes rurales de la seconde classe. En effet, si les deux classes ont le rapport de vieillissement proche de l’ordre de 36%, ces deux communes rurales enregistrent une sur-représentation à la fois du vieillissement et de la gérontocroissance des classes de moins de 85 ans. La moyenne du rapport de vieillissement de cette classe est de 36% et son indice de vieillissement de 2,58. Les communes du Carbet et du Morne-Vert enregistrent un rapport de vieillissement de 35% pour la première et de 37% pour la seconde ; l’indice de vieillissement de la première est de 2,68 quand celui de la seconde est de 2,49.
Nous avions souhaité identifier les mobilités des personnes âgées au moment de la retraite : restent-elles sur place ? Migrent-elles vers les espaces ruraux, périurbains, urbains ? Il est ressorti de cette analyse (Carte 3) que la part des jeunes retraités (évolution moyenne du nombre de personnes âgées de 60-74 ans entre 1990 et 2016) a le plus augmenté dans les communes urbaines (excepté la capitale Fort-de-France qui n’a cessé de perdre des habitants depuis 1990[12]) et périurbaines voire rurales (Basse-Pointe et Vauclin).

L’évolution de la proportion des jeunes retraités de 60-74 ans entre 1990 et 2016 est de 0,16 points et les migrations des 55-64 ans sont en sur-représentation. La gérontocroissance de la classe d’âge des 60-74 ans (évolution du nombre de personnes entre 2011 et 2016) de cette classe atteint les 21,38%, soit la moyenne la plus élevée des quatre classes. Par contre, les deux communes se distinguent sur l’augmentation du nombre de la classe d’âge des 75-84 ans : 3% pour la commune du Carbet et 35% pour celle du Morne-Vert. Les deux ont vu une baisse du nombre de retraités âgées de 85 ans et plus sur la période intercensitaire de 2011 et 2016, plus marquée au Carbet qu’au Morne-Vert. Si les deux communes vieillissent, le Carbet enregistre une gérontocroissance des jeunes retraités de 60-74 ans, quand celle du Morne-Vert enregistre celle sur les 75-84 ans. Une gérontocroissance en partie liée à l’installation de ces classes d’âges sur leur territoire.
Cette quatrième classe se distingue des autres classes par la sur-représentation des nouveaux habitants âgés de 55 à 64 ans : 1,1% des personnes qui se sont installées dans la commune du Carbet étaient âgés de 55 à 64 ans sur une moyenne de 0,4% et 0,8% de 65 ans et plus sur une moyenne de 0,3%. Le Morne-Vert a lui accueilli 0,4% pour la première classe d’âge et 0,2% pour la seconde.
Notons que la dynamique de migrations est aussi visible dans les autres communes comme celle de Schoelcher qui a mis en place un schéma gérontologique communal après avoir vu augmenter les nouveaux résidents de 60 ans et plus sur sa commune.
On peut alors distinguer les typologies d’espace en fonction de l’évolution du rapport de vieillissement et de la gérontocroissance. L’espace rural enregistre de façon générale le plus fort rapport de vieillissement : 29,41% en 2016. La gérontocroissance est la plus élevée pour les 60-74 ans dans les communes proches du centre (Fonds-Saint-Denis : 26% ; Carbet et Bellefontaine : 23%). Mais aussi dans une commune rurale éloignée : Basse-Pointe, 24%. Cette commune rurale de Basse-Pointe se distingue de celle de la classe 4 par sa gérontocroissance des aînés les plus âgés de 85 ans et plus. A noter quand même que si elle enregistre une gérontodécroissance sur la classe de 75-84 ans, elle a une gérontocroissance des jeunes retraités de 60-74 ans, supérieure à celle de la classe 2 (24,49%). A l’inverse, les communes rurales les plus éloignées peuvent enregistrer des évolutions du nombre de personnes âgées nulles voire négatives comme la commune du Diamant avec -3,51%. L’espace périurbain a une moyenne du rapport de vieillissement intermédiaire de 26,60 % et sa gérontocroissance est la plus forte dans la classe d’âge des 85 ans et plus. Cette classe d’âge a augmenté de 42% entre 2011 et 2016 au Gros-Morne, 37% au Saint-Esprit et 35% au Marin. Enfin, l’espace urbain a la plus faible moyenne du rapport de vieillissement de 24,71% et une gérontocroissance plus élevée dans la classe d’âge des 75-84 ans. Entre 2011 et 2016, on a noté 14,52% des 75-84 ans, 25% au Lamentin, mais une augmentation plus faible dans la capitale Fort-de-France de 2,16%.
En conclusion, si en Martinique comme on a pu le constater dans les différentes études, les indicateurs du vieillissement (indice et rapport de vieillissement) pouvaient augmenter avec la distance au pôle urbain, les phénomènes s’inversent progressivement : des populations qui vieillissent sur place, soit en milieu périurbain à urbain, et une gérontocroissance des classes d’âge les plus élevées (85 ans et plus) qui peut augmenter dans des communes situées en proche périphérie du centre. Cette gérontocroissance est variable d’une commune à l’autre, mais en moyenne on a pu observer une gérontocroissance des 60-74 ans en espace rural proche, des 85 ans et plus en périurbain et des 75-84 ans en espace urbain.
Ces analyses appellent de la part des acteurs publics de prendre en compte les différentes temporalités et de penser le phénomène dans une réflexion globale sur la résilience[13] aux différentes échelles et d’adapter leurs politiques publiques de prévention de la perte d’autonomie. Celles-ci participant au développement durable permettront de résister au choc du vieillissement prononcé annoncé dans les prospectives des études INED et INSEE à horizon 2030.
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Bibliographie :
Angeon V., Saffache P., 2008, « Les petites économies insulaires et le développement durable : des réalités locales résilientes ? », in Études caribéennes, Petits territoires insulaires et développement durable, 11/2008, Paris, Éditions Publibook Université, Collection Sciences Humaines et Sociales, Série Géographie, Consulté le 12 octobre 2009, http://etudescaribeennes.revues.org/document3443.html.
Buléon P., Turbout F., 2019, « Vieillissement de la population caribéenne, une mosaïque de situations, un enjeu pour demain » in Études caribéennes, consulté en ligne le 19 janvier 2020, https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/16908.
Desse M., 1998, « Les nouvelles formes de polarisation urbaine en Guadeloupe, Martinique et Réunion », in Cahiers de géographie du Québec, vol. 42, numéro 116, consulté le 18 juin 2021, https://doi.org/10.7202/022738ar.
Dumont G.-F., 2006, « Tendances et perspectives de la gérontocroissance urbaine. Le nombre des personnes âgées s'accroit fortement là où elles sont proportionnellement moins présentes. », in Les Annales de la recherche urbaine, L’avancée en âge dans la ville, n°100, pp. 38-42, consulté en ligne le 1er mai 2019, https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_2006_num_100_1_2644
[1] Buléon P., Turbout F., 2019, « Vieillissement de la population caribéenne, une mosaïque de situations, un enjeu pour demain » in Études caribéennes, consulté en ligne le 19 janvier 2020, https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/16908.
[2] Dumont G.-F., 2006, « Tendances et perspectives de la gérontocroissance urbaine. Le nombre des personnes âgées s'accroit fortement là où elles sont proportionnellement moins présentes. », in Les Annales de la recherche urbaine, L’avancée en âge dans la ville, n°100, pp. 38-42, consulté en ligne le 1er mai 2019, https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_2006_num_100_1_2644.
[3] Desse M., 1998, « Les nouvelles formes de polarisation urbaine en Guadeloupe, Martinique et Réunion », in Cahiers de géographie du Québec, vol. 42, numéro 116, consulté le 18 juin 2021, https://doi.org/10.7202/022738ar.
[4] INSEE, 2020, Méthode de constitution des aires d’attraction des villes 2020, consulté en 2021, https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/4803954/Aires-attraction-des-villes-methode-20-10-20.pdf.
[5] INSEE, Définition Base des aires d’attraction des villes 2020, https://www.insee.fr/fr/information/4803954.
[6] Ibid.
[7] INSEE, Recensement de la population 2017 exploitation complémentaire, Flux de mobilité – déplacement domicile travail.
[8] INSEE, Recensements de la population, Chiffres détaillés – Emploi – Population active. Emplois au LT en 2017 (compl).
[9] INSEE, Recensement de la population 2017 exploitation complémentaire, Flux de mobilité – déplacement domicile travail (Flux > 100).
[10] Observatoire des fragilités du sud, http://www.observatoires-fragilites-grand-sud.fr.
[11] Dumont G.-F., 2006.
[12] INSEE, 2022, Dossier complet Commune de Fort-de-France, consulté en juillet 2002, https://www.insee.fr/fr/statistiques/2011101?geo=COM-97209. La ville comptait 96 943 habitants au recensement de 1968,100 080 à celui de 1990 et 76 512 en 2019.
[13] Angeon V., Saffache P., 2008, « Les petites économies insulaires et le développement durable : des réalités locales résilientes ? », in Études caribéennes, Petits territoires insulaires et développement durable, 11/2008, Paris, Éditions Publibook Université, Collection Sciences Humaines et Sociales, Série Géographie, Consulté le 12 octobre 2009, http://etudescaribeennes.revues.org/document3443.html.
![La Martinique : du « petit espace insulaire »[1] au petit territoire gérontologique de la prévention](https://static.wixstatic.com/media/eac665_76caa51c87784e3dbddc743067c8f857~mv2.png/v1/fill/w_318,h_269,al_c,q_85,enc_avif,quality_auto/eac665_76caa51c87784e3dbddc743067c8f857~mv2.png)

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