Les personnalités collectives de la Martinique et de la Guadeloupe - Résumé

Le 09 juin 2009

La question identitaire est depuis quelques années une question d’actualité. Elle est souvent associée aux mouvements de revendication identitaire qui se manifestent à travers une forte expression des populations au niveau local. C’est le reflet des conséquences de la mondialisation et de l’internationalisation qui ont créée des ouvertures au niveau des frontières. Ces revendications, qui selon certains spécialistes se sont multipliées depuis quelques années, prennent la forme de manifestations diverses. C’est dans ce contexte précis que s’inscrivent certains mouvements constatés en Martinique et en Guadeloupe.

En effet, les études en sciences humaines traitent fréquemment du malaise identitaire des populations de ces deux îles, malaise latent qui, relayé par les poètes antillais, ne manque pas de ressurgir à chaque conflit social, notamment durant les grèves récentes. Les anthropologues, sociologues et géographes qui ont travaillé sur l’Outre-mer français mettent l’accent sur le rapport dominé-dominant qui y prévaut. Ce dernier débouche sur des revendications paradoxales, qui font coexister deux aspirations à première vue contradictoires : d’un côté l’émancipation, et de l’autre l’intégration à la nation française.

La recherche géographique a généralement analysé de l’extérieur les relations entre les îles et la France. C’est dans ce contexte précis que s’inscrit notre sujet ayant trait à la personnalité collective de la Martinique et de la Guadeloupe. Pour mieux cerner ce sujet, nous avons articulé notre problématique comme suit : comment se manifeste les personnalités collectives de la Martinique et de la Guadeloupe à travers les représentations estudiantines ?

Pour répondre à cette problématique, notre travail s’intéresse à une analyse de la vision intérieure et de la traduction géographique de la personnalité collective. Sont alors abordés les différents concepts de l’insularité comme identité propre à chaque île, de la territorialité comme rapport au territoire et de la patrimonialisation comme démarche collective de revalorisation et d’appropriation du territoire en vue d’une meilleure définition identitaire. En plus de la spécificité territoriale insulaire, il s’agit de prendre en compte la spécificité de la population créole et du poids de l’histoire.

Notre méthodologie a consisté à une étude de terrain à travers une méthode qualitative axée sur les entretiens semi-directifs. Ces entretiens sont adressés à des jeunes étudiants, futurs votants et acteurs insulaires. La description de leur origine, l’autocritique de la société dans laquelle ils ont évolué nous ont permis de dresser une perception jeune de la personnalité collective -appelée aussi identité insulaire- de chaque île. Une identité insulaire qui est finalement l’ensemble des territorialités ou plus exactement l’ensemble des relations entretenues avec de nombreux territoires de référence (dans un premier temps le territoire insulaire, puis le territoire métropolitain et européen, et dans une moindre mesure l’« espace monde »). En effet, si l’on prend en compte la définition du Tout-Monde d’Edouard Glissant, les « Antillais » ou Caribéens sont amenés à se projeter dans un monde de plus en plus vaste, tout en trouvant leur réelle identité.

Mais la quête identitaire ne doit pas être vue uniquement par les nombreuses revendications communautaristes voire séparatistes. Elle peut être comme une expression d’une volonté de développement local politique et économique qui permettrait aux insulaires martiniquais et guadeloupéens à se penser eux-mêmes et à devenir, pour reprendre les termes d’Ama Mazama, au centre de leur réalité et par conséquent de mieux s’insérer dans l’ensemble plus vaste qu’est la Nation Française après avoir pris la mesure de leur insularité ou identité gigogne.